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du tsarévitche Dmitri. Il s’informait, partout où il pouvait, des circonstances de son malheureux sort, et les inscrivait sur ses tablettes. Une pensée extraordinaire qui, dit-on, lui avait été inspirée (145) par un méchant moine, mûrissait déjà dans son âme : celle qu’un imposteur hardi pourrait profiter de la crédulité des Russes attendris par le souvenir de Dmitri, et servir d’instrument à la justice divine, en châtiant son meurtrier sacrilége ! Le grain était tombé sur une terre fertile : Le jeune Diacre lut avec attention les Annales de la Russie, et il disait quelquefois en plaisantant aux moines de Tchoudoff : « Savez-vous que je serai Tsar de Moscou ? » Les uns se moquaient de lui, d’autres lui crachaient à la figure, pour son impudente effronterie. Ces discours, ou d’autres semblables, parvinrent jusqu’à Jonas, métropolitain de Rostof, qui déclara au Patriarche et au Tsar lui-même, que l’indigne moine Grégoire, se disposait à devenir l’arme du diable. Le bon Patriarche ne fit point attention au rapport du Métropolitain ; mais le Tsar ordonna à son secrétaire, Smirnoff-Vassilieff, d’envoyer l’insensé