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Peut-être déplorait-il avec Irène, la nécessité de punir la prétendue trahison des Grands ! Ayant porté devant sa sœur le masque de la vertu, il ne fut sincère envers elle que dans les regrets qu’il fit éclater à sa perte. Irène ne le gênait en rien dans son règne, et lui servait d’ange gardien par l’amour que lui portait le peuple qui la regardait, même dans sa cellule, comme la véritable mère de la patrie. On enterra l’humble religieuse avec toute la pompe Souveraine, dans le couvent de Vosnesensky auprès du tombeau de Marie, fille d’Ivan. Jamais on ne distribua tant d’aumônes qu’en ce jour de douleur. Les pauvres de toutes les villes de Russie, bénirent la générosité de Boris. Irène fut heureuse de mourir ; elle ne vit point la perte de tout ce qu’elle aimait encore sur la terre.

Le temps de la punition était arrivé, pour celui qui ne croyait point à la justice divine en ce monde. Boris espérait peut-être sauver ensuite son âme des peines éternelles, par une humble pénitence, comme l’avait aussi espéré Ivan ! et en même temps effacer, aux yeux des hommes, le souvenir de ses forfaits,