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clara, et les contemporains en accusèrent directement Boris.

Ivan IV, désirant peupler l’Ukraine Lithuanienne et le pays de Seversk d’hommes capables de porter les armes, n’empêchait pas aux criminels qui se dérobaient au supplice de s’y réfugier et d’y vivre tranquillement, croyant qu’en cas de guerre ils pouvaient être de sûrs défenseurs de la frontière. Boris, qui aimait à suivre plusieurs idées politiques d’Ivan, adopta également celle-ci, quoiqu’elle fut à la fois dangereuse et erronée (136). Il prépara ainsi sans s’en douter, une troupe nombreuse de scélérats pour le service des ennemis de la patrie et pour celui des siens propres. « L’esprit profond et le terrible caractère d’Ivan, dit l’Annaliste, ne permettaient point aux serpens de se remuer, et le doux et pieux Fédor les avait enchaînés par ses prières ». Mais Boris vit enfin le mal et l’augmenta encore par les rafinemens de sa politique, peu d’accord avec les règles éternelles de la justice. Dès les temps les plus reculés, nos Boyards s’entouraient d’une foule de serviteurs, esclaves et libres, et ils cherchaient souvent à asservir