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rivé, en Russie, des vaisseaux allemands chargés de blé, ne font aucune mention d’une défense aussi absurde ; et Boris qui, dans cette calamité, avait montré tant d’activité et tant de générosité, pour prouver à la Russie l’amour paternel qu’il portait à ses sujets, ne devait certainement pas sacrifier leur salut, à une vanité insensée.

Cependant, les bienfaits de Boris ne séduisirent pas les Russes. Une idée, redoutable pour lui s’était emparé de tous les cœurs ; celle que la justice divine punissait l’Empire de l’iniquité de son Souverain (135). « En répandant des largesses sur les pauvres, disent les Annalistes, il leur présentait dans un vase d’or le sang des innocens, pour le boire à sa santé ; il les nourrissait d’aumônes impures, provenant des biens injustement enlevés à des hommes illustres et vertueux ; et les anciens trésors des Tsars étaient souillés par les rapines ». Le retour de l’abondance ne ramena pas la prospérité en Russie. Elle n’avait pas encore eu le temps de se remettre, qu’une nouvelle calamité se dé-