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blancs ; et les transportaient par centaine hors de la ville, dans trois cimetières, où, dans l’espace de deux ans et quatre mois, on enterra cent vingt sept mille cadavres, outre ceux à qui des hommes pieux avaient donné la sépulture auprès des églises paroissiales (128). On assure qu’à Moscou seulement, il mourut alors de faim et de froid cinq cent mille personnes ; et, dans les autres provinces, un nombre beaucoup plus considérable. Pendant l’hiver, des milliers de pauvres gelaient sur les routes. Des alimens mal-sains, et contre nature, produisaient également des maladies et la mortalité ; dans le district de Smolensk, surtout, malgré que le Tsar y eut envoyé, en une seule fois, vingt-mille roubles pour les pauvres, n’ayant pas laissé une seule ville en Russie, sans secours (129). Si Boris ne parvint pas à sauver beaucoup de victimes, il en diminua toujours le nombre par ses bienfaits ; le trésor de Moscou, rempli sous le règne heureux de Fédor, semblait inépuisable ; toutes les autres mesures qui étaient praticables furent également employées par lui. Non seulement il acheta dans les villes voisines, de gré ou de force,