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fois, il n’y eut pas un seul individu puni de mort. Il est possible que Godounoff craignit de rappeler les temps abhorrés d’Ivan. Peut-être aussi, ce qui est plus probable, ne voulut-il que renverser ses ennemis particuliers, en répandant le bruit de leur prétendu complot. Le fils de Mstislafsky, le prince Fédor, resta même dans le Conseil, comme le premier ou le plus illustre des Boyards (41). Cependant malgré une telle modération dans la punition d’un crime réel ou imaginaire, la capitale et la Cour étaient dans la plus grande agitation. Les amis des accusés redoutaient une plus grande vengeance ; le conseiller Michel Golovin, abandonnant sa terre de Médine, se réfugia chez Bathori, et justifia ainsi les soupçons de Godounoff. En effet, ce traître fugitif, bien accueilli en Lithuanie, conjura le Roi de ne point conclure de paix avec le Tsar, l’assurant que Moscou et la Russie étaient dans l’anarchie et le plus grand désordre, par la faiblesse d’esprit de Fédor et par le peu d’accord qui régnait entre les Boyards ; enfin que le Roi n’avait qu’à marcher pour s’emparer de tout ce qu’il désirait dans notre triste