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Le vendredi 17 février, s’ouvrit au Kremlin la grande assemblée nationale, où siègeaient, outre les principaux membres du clergé, les autorités séculières et celles de la cour, plus de cinq cents fonctionnaires, députés de tous les gouvernemens, pour une affaire de la plus haute importance et qui ne s’était point présentée depuis les temps de Rurik. Il s’agissait d’élire un souverain à la Russie, où jusqu’alors avait régné sans interruption et par droit de succession, la dynastie des princes Varègues ; où l’État n’existait que par le Souverain, où toutes les lois ne provenaient que de son droit absolu de juger et de gouverner son pays d’après sa seule conscience. Ce moment était critique : celui qui choisit donne le pouvoir et par conséquent le possède. Ni les réglemens, ni l’exemple du passé ne garantissaient la tranquillité de la Nation dans l’acte imposant qu’elle allait remplir ; et la Diète du Kremlin, pouvait ressembler à celle de Varsovie. Mais une longue habitude de l’obéissance et l’adresse de Boris, offrirent un spectacle surprenant, l’ordre, l’accord le plus parfait et une condescendance mutuelle dans une foule si diverse,