Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ordonné secrètement de mépriser les grandeurs mondaines et de se consacrer à Dieu. Peut-être aussi qu’Irène, veuve, sans enfans, et ne trouvant pas de consolation dans le pouvoir suprême, prit, dans son profond désespoir, le monde en haine. Mais il est beaucoup plus probable que telle était la volonté de Godounoff qui disposait du cœur et du sort d’une tendre sœur. Après avoir joui sous Fédor d’une puissance illimitée, il ne voyait plus d’élévation possible sous le règne d’Irène. Il approchait d’ailleurs de sa cinquantième année, et ne pouvait plus attendre ni temporiser. Il avait donc remis le sceptre à Irène pour le reprendre des mains d’une sœur, comme par droit d’héritage ; remplacer sur le Trône une Godounoff, et non la dynastie souveraine de Monomaque, et paraître ainsi moins usurpateur aux yeux du peuple. Jamais cet adroit ambitieux n’avait été aussi actif en secret et publiquement que dans les derniers jours de la vie de Fédor, et dans les premiers du prétendu régne d’Irène. Au dehors, cette activité avait pour but de persuader le peuple qu’il n’était pas possible que l’ordre existât