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rendus égaux. Le 8 janvier, eut lieu l’enterrement ; cérémonie mémorable, non par sa magnificence, mais par un désordre touchant. Le Clergé, que suffoquaient les larmes, interrompait l’office, les chants cessaient, ou l’on ne pouvait les entendre à cause des gémissemens du peuple. Irène seule ne pleurait plus ; on l’avait apportée presque morte à l’Église. Godounoff avait les yeux noyés de larmes en la regardant, mais en même temps il donnait tous les ordres nécessaires. On ouvrit une fosse pour le cercueil de Fédor, auprès de celui d’Ivan ; le peuple exprima à haute voix sa reconnaissance au défunt, pour le bonheur dont il avait joui pendant son règne, louant avec attendrissement les vertus personnelles de cet ange de douceur, qu’il avait reçues en héritage d’Anastasie, d’éternelle mémoire. Il l’appelait, non pas son Tsar, mais son tendre Père, et, dans sa sincère affliction, il oubliait la faiblesse de caractère de Fédor. Lorsque l’on eut livré le corps à la terre, le Patriarche et tout le peuple levant leurs mains au Ciel, demandèrent au Tout-Puissant qu’il sauvât la Russie et qu’il la prît sous sa protection.