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sans agonie, et comme s’il s’était endormi d’un sommeil doux et tranquille (210).

Serment prêté à Irène. Dans ce premier moment de saisissement et de douleur, parut la Tsarine, qui se précipita sur le corps du défunt ; on l’emporta évanouie. Alors Godounoff, témoignant une profonde affliction et une grande fermeté de caractère, rappela aux Boyards, que n’ayant plus de Tsar, ils devaient prêter serment à la Tsarine. Tous remplirent avec zèle ce devoir sacré, en baisant la Croix que tenait le Patriarche. On n’avait encore rien vu de semblable dans les fastes de la Russie ; car Hélène, mère d’Ivan, n’avait régné qu’au nom de son fils enfant ; mais, quant à Irène, on lui remettait le sceptre de Monomaque, avec tous les droits d’un pouvoir absolu. À la pointe du jour on sonna la grande cloche de l’église de l’Assomption, pour annoncer au peuple la mort de Fédor ; et, tout retentit de gémissemens, depuis les palais jusqu’aux chaumières. Chaque maison, d’après l’expression d’un contemporain, devint une maison de deuil. Le palais ne pouvait contenir la quantité de monde qui accourait auprès du lit de mort du Tsar. Pau-