Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ration pour Rodolphe, te laisse partir sans colère, et il écrira à Bogdan Mikochinsky, hetman des Zaporogues, qu’ils peuvent servir l’Empereur ». Cette circonstance est très-remarquable, en ce qu’elle présente les Cosaques du Dniéper comme sujets de la Lithuanie, qui elle-même tremblait d’offenser le Sultan, s’alliant, contre le gré de leur Souverain, à l’Empereur pour faire la guerre aux Turcs, et se reconnaissant, en quelque façon, dépendans du Tsar. Quoique cette alliance illégale n’eut point pour l’Autriche le succès qu’elle en attendait ; quoique le gouvernement Lithuanien punit les Cosaques de cette manière indépendante d’agir, en leur ôtant les canons, les drapeaux, les trompettes d’argent, la massue qui leur avaient été donnés par Étienne Bathori, et l’aigle noire de l’Empereur (176) ; cependant les souvenirs d’une ancienne patrie commune, l’unité de religion, l’oppression sous laquelle gémissait l’Église grecque en Lithuanie, et la vengeance nationale, préparaient déjà dans l’âme des guerriers du Dniéper, le désir de réunir leur contrée florissante à l’empire de Moscou.