Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’à cette condition qu’il était permis de vivre tranquille et heureux sous le règne de Fédor. Clémence et gloire de Godounoff. Terrible pour ses seuls ennemis, Godounoff, dans tout ce qui ne touchait pas à son autorité, voulait paraître clément. Si quelqu’un avait mérité un châtiment, mais pouvait s’en excuser sur la faiblesse naturelle à l’humanité, il était pardonné, et on disait dans la lettre de grâce. « Le Tsar pardonne par égard pour l’intercession de son grand Boyard et Serviteur ». (154) Boris alla jusqu’à proposer à des traîtres, à Michel Golovin lui-même, qui vivait en Lithuanie (155), de revenir dans leur patrie, ajoutant à cette permission la promesse d’un rang plus distingué et de plus riches domaines, comme s’il eut voulu récompenser leur infâme trahison. À l’égard de ceux qui étaient condamnés à mort, on se servait dans leur jugement des expressions suivantes : « C’est ainsi que l’ont ordonné les boyards princes Mstislafsky et ses collègues » ; et Godounoff n’était point nommé. Excepté l’autorité suprême qu’il gardait pour lui seul et sans partage, il ne refusait rien à ses amis, à ses flatteurs, et à ceux qui s’étaient dévoués à lui.