Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peuple d’Ouglitche avait jetés dans une fosse, en furent retirés, portés à l’église et enterrés avec de grands honneurs. Les citoyens de cette ville, déclarés meurtriers, furent suppliciés au nombre de deux cents ; d’autres eurent la langue coupée ; plusieurs furent exilés et la plûpart transportés en Sibérie pour peupler la ville de Pélim (137). La rigueur fut telle que l’ancienne et grande ville d’Ouglitche qui avait renfermé, si l’on ajoute foi à la tradition, cent cinquante églises et trente mille habitans, devint à jamais déserte, pour servir de monument à la terrible colère de Boris, contre ceux qui avaient osé mettre son forfait au jour. Il ne resta que des ruines pour implorer la vengeance céleste.

Godounoff montrait la même audace à récompenser le crime qu’à punir la vertu. Il donna de riches domaines à l’infâme gouvernante Volokhoff, à la femme et aux filles de Bitiagofsky (138) ; il comblait de présens les membres du Conseil et tous les grands dignitaires (139). Il les flattait et leur donnait de magnifiques repas. Le seul dont il ne put parvenir à calmer la conscience, fut Klechnin qui