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mis à combattre, la paix était loin de l’âme du Régent. Laissons les affaires de la politique extérieure pour parler des grands événemens qui se passaient au dedans de l’Empire.

Cette époque est celle où Boris Godounoff, aux yeux de la Russie et de toutes les puissances qui étaient en relations avec Moscou, Grandeur de Godounoff. avait atteint le faîte de la grandeur, et semblait le maître absolu de l’État ; il ne voyait autour de lui que des serviteurs muets (107), ou qui n’avaient de voix que pour exalter ses grandes qualités. L’adulation n’était pas circonscrite dans le palais du Kremlin ; dans les provinces voisines ou éloignées de la Capitale, hors même de la Russie, devant les Souverains et ministres étrangers, les envoyés du Tsar, suivant leurs instructions, s’exprimaient ainsi (108) : « Boris Godounoff est le chef de l’État : le Souverain lui en a remis les rênes. Il y a établi un ordre que tout le monde admire et dont chacun se réjouit. L’armée, le commerce et le peuple, tout prospère ; les villes s’embellissent d’édifices en pierre, sans contributions ni corvées ; les ouvriers et les artistes sont richement payés des re-