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rimentés, chez lesquels l’âge n’avait point amorti une louable ardeur pour le bien de la patrie. Ils avaient été, jusque-là, éloignés d’un trône entouré d’une jeunesse frivole qui ne pouvait supporter leur contenance sévère. La cour ferma l’oreille aux discours des flatteurs et des bouffons ; dans le conseil, les calomniateurs et les intrigans furent réduits au silence ; enfin la vérité commença à se faire entendre. Malgré la confiance que Jean témoignait aux membres du conseil, il y présidait en personne et traitait les affaires de l’État, jugeait les procès les plus importans, remplissant de cette manière la promesse qu’il en avait faite à Dieu et à la Russie. Le peuple bénissait en tous lieux la sollicitude du gouvernement pour le bien général : partout on changea les indignes dépositaires du pouvoir ; les uns eurent pour punition le mépris qu’ils inspiraient ; d’autres furent simplement mis en arrestation, et l’on n’usa point de sévérité envers eux ; car on avait à cœur de ne pas signaler cet heureux changement par le supplice d’anciens fonctionnaires coupables, mais plutôt en choisissant les nouveaux avec plus de discernement, comme pour faire connaître au peuple que les abus du pouvoir exécutif sont la conséquence ordinaire, immédiate, de l’aveuglement