Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome VIII, 1820.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mort, au monastère le plus voisin. On ne put sauver de la cathédrale qu’une image de la Vierge peinte par le saint métropolitain Pierre, et les Canons ecclésiastiques, ouvrage apporté de Constantinople par Cyprien. La célèbre image de Notre-Dame de Vladimir resta en place sans être endommagée ; car, fort heureusement, le feu, après avoir consumé le toit et les couvertures, ne pénétra point dans l’intérieur de l’église. Vers le soir l’ouragan commença à diminuer de violence, et le feu cessa à trois heures du matin ; mais, pendant plusieurs jours, une épaisse fumée s’élevait à travers les ruines et les décombres. Les potagers et les jardins dépouillés d’arbres, de verdure, étaient couverts de cendres et de charbons. Dix-sept cents personnes, sans compter les enfans, périrent au milieu des flammes, et les annalistes disent qu’il est impossible de donner une idée de ce désastre. Les habitans, les cheveux brûlés et le visage noirci, errans sur ce vaste champ de douleur, cherchaient leurs enfans, leurs amis ou quelque faible reste de leur fortune ; mais, après d’infructueuses recherches, ils poussaient des hurlemens tels que des animaux sauvages. « Heureux, s’écrie un annaliste, celui dont l’attendrissement suspendait le désespoir ! qui pouvait au moins verser des