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1547. Le prince refusa de les écouter, et, dans les transports de la plus violente colère, criant comme un énergumène, il ordonna de les arroser d’eau-de-vie bouillante, et leur fit brûler la barbe et les cheveux ; ensuite on les dépouilla de leurs vêtemens, et on les fit tous coucher par terre. Ils attendaient la mort, lorsque dans le même instant l’on annonça au tzar que la grosse cloche de Moscou venait de tomber ; il partit précipitamment pour la capitale, et grâce à cette circonstance inattendue, les pauvres Pskoviens conservèrent la vie. Lorsque d’honnêtes boyards se trouvaient au palais, ils baissaient les yeux et gardaient un morne silence, tandis que de misérables courtisans et des bouffons amusaient le tzar ; tandis que les flatteurs prodiguaient des louanges à sa prétendue sagesse. La vertueuse Anastasie invoquait le ciel, avec la Russie, pour qu’il daignât changer le cœur de Jean, et enfin leurs vœux furent exaucés. Les caractères d’une trempe vigoureuse ont besoin d’être violemment ébranlés pour secouer le joug des passions vicieuses et retourner à la vertu. Il fallait que Moscou devînt ta proie des flammes, pour opérer dans le caractère du jeune souverain, un changement si vivement désiré.