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sie ! mon sang répandu pour toi crie vengeance au Tout-Puissant, qui lit au fond des cœurs. J’ai cherché à découvrir en quoi je puis m’être rendu coupable, soit dans mes actions, soit dans mes pensées les plus secrètes : j’ai scrupuleusement interrogé ma conscience et j’ignore mon crime envers toi. Jamais, sous ma conduite, tes bataillons n’ont tourné le dos à l’ennemi : ma gloire a rejailli sur toi ? Mes services ne se bornent pas à un ou deux ans passés dans les fatigues, consacrés aux exploits guerriers ; pendant un grand nombre d’années j’ai souffert le besoin, la maladie, loin de ma mère,de mon épouse, de ma patrie. Compte mes combats et mes blessures ! je n’en veux pas tirer vanité, mais Dieu sait tout : c’est à lui que je me confie, plein d’espoir dans l’intercession des saints et de mon aïeul le prince Féodor de Yaroslaf.…

» Adieu ! nous voilà séparés pour jamais et tu ne me reverras plus qu’au jour du jugement dernier ; mais les pleurs des victimes innocentes préparent le supplice du tyran. Crains les morts eux-mêmes ! Ceux que tu as massacrés sont auprès du trône du souverain juge et demandent vengeance ; tes armées ne te sauveront pas : de vils flatteurs, ces indignes