Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/592

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et ne font qu’augmenter le dommage d’une affaire sanglante. Les gens crédules consultent les livres d’astrologie judiciaire, les zodiaques, les almanachs remplis des erreurs de l’hérésie. La veille de la Saint-Jean, on se rassemble pendant la nuit, on boit, on chante, on danse pendant vingt-quatre heures ; les mêmes orgies se renouvellent la veille de Noël, celle de la fête de saint Basile et du jour des Rois ; le samedi du Saint-Esprit, on pleure, on se lamente, on fait du bruit dans les cimetières, on gambade, on frappe des mains, on chante des chansons sataniques ; dans la matinée du Jeudi-Saint, on brûle de la paille, on évoque les morts ; les prêtres placent ce jour-là du sel auprès de l’autel, et le prescrivent aux malades comme un remède universel et infaillible ; de soi-disant prophètes, nus, sans chaussure, les cheveux épars, parcourant les villages, se roulent sur la terre, et racontent de prétendues apparitions de Saints ; des bandes de jongleurs, quelquefois au nombre de cent personnes, errent d’un village à l’autre, mangent et boivent les provisions du laboureur, et quelquefois même dévalisent les voyageurs sur les grands chemins ; les enfans-boyards se rassemblent