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1584. pièces sur le dos de Boriatinsky, en s’écriant : « Voilà ton salaire, impudent imposteur ! » En matière de religion, celle des Juifs exceptée, il se distinguait par une sage tolérance : il avait permis aux luthériens et aux calvinistes d’avoir des églises à Moscou. Il est vrai qu’il les fit brûler l’une et l’autre cinq ans plus tard, soit par crainte du scandale, soit parce qu’elles excitaient le mécontentement du peuple. Néanmoins il n’empêcha jamais ceux qui professaient ces communions de s’assembler pour la prière dans la maison de leurs pasteurs. Il aimait à soutenir des disputes théologiques contre les savans allemands, et tolérait la contradiction. C’est ainsi qu’en 1570 il eut une discussion solennelle, dans le palais du Kremlin, avec un certain Rotzita, théologien luthérien, qu’il voulait convaincre d’hérésie. Rotzita, assis sur une place élevée, couverte de riches tapis, parlait avec une entière liberté, et défendait les dogmes de la confession d’Augsbourg ; il reçut d’honorables marques de la faveur du tzar, et écrivit un volume sur cette conférence remarquable. Un prédicateur allemand, nommé Gaspard, voulant complaire à Jean, embrassa la religion grecque à Moscou, et plaisantait avec lui sur la doctrine de Luther, au grand scandale de ses