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1582. patriarches doivent se contenter de ceux des prélats. Nous révérons notre métropolitain ; nous lui demandons sa bénédiction, mais il marche sur la terre et ne s’élève pas, dans son orgueil, au-dessus des rois. Quelques papes, en effet, ont été de vrais disciples des apôtres : tels furent Clément, Sylvestre, Agathon, Léon, Grégoire ; mais celui qui prend le titre de compagnon de Jésus-Christ, celui qui se fait porter sur un siége comme sur un nuage soutenu par des anges, et ne vit point selon la doctrine de son divin maître, celui-là, dis-je, est un loup et non pas un pasteur. » À ces mots, Antoine, vivement choqué, s’écria : « Si le pape est un loup, je n’ai plus rien à dire ! » Alors, adoucissant sa voix, le tzar poursuivit : « Voilà pourquoi je ne voulais pas vous entretenir sur la religion. Sans le vouloir, nous pourrions nous emporter. D’ailleurs ce n’est pas Grégoire XIII que j’appelle un loup, c’est le pape qui s’éloignerait de la doctrine du Christ. Restons en là !… » Le tzar posa amicalement sa main sur l’épaule d’Antoine ; ensuite il le congédia avec bonté, et ordonna à ses officiers de lui porter les mets les plus exquis de sa propre table.

Deux jours après, le jésuite fut rappelé au