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1581. trouvèrent dans l’impossibilité de soutenir la dignité et les intérêts de la Russie ; mais on ne peut le leur reprocher. Ils surent au moins agir avec circonspection, informant le tzar de la situation peu avantageuse de l’ennemi ; ils parvinrent à prolonger les conférences, hésitant dans les concessions, espérant toujours de nouveaux ordres et un changement heureux dans l’esprit de leur timide souverain. Ils parlaient aux dignitaires polonais, sans s’humilier, avec une douceur mêlée de noblesse. En un mot, ils désarmaient leur vanité sans la blesser. « S’il est vrai, leur disait Zbarazky, seigneur polonais, que vous soyez venus ici pour terminer une affaire et non pour prodiguer d’inutiles paroles, déclarez donc que la Livonie est à nous ; écoutez ensuite les dernières conditions que vous impose le vainqueur, déjà maître d’une partie considérable de la Russie, et qui bientôt le sera également de Pskof et de Novgorod. Il attend de vous une réponse décisive, et vous accorde trois jours pour réfléchir. » Les Russes lui répondirent : « La hauteur avec laquelle vous nous parlez ne démontre pas l’amour de la paix. Vous exigez que, sans aucun dédommagement, notre souverain vous cède une riche province et se prive des ports