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1577. nonobstant la disgrâce qu’il avait encourue, il termina ses jours en paix dans une solitude.

Abus du droit de prééminence. Ce monarque qui n’épargnait ni la vertu, ni la sainteté, qui exigeait en tout une obéissance passive, tolérait avec une inexplicable indifférence les disputes sans cesse renaissantes entre les voïévodes russes au sujet du droit de primauté, disputes dans lesquelles ceux-ci ne craignaient pas de montrer l’opiniâtreté la plus audacieuse. Ils voyaient sans murmurer le supplice de leurs proches ; ils courbaient la tête sous la hache des bourreaux, mais ils osaient désobéir au tzar lorsqu’il leur conférait, dans l’armée, des emplois qui ne répondaient pas à l’ancienneté de leur naissance. Ainsi, par exemple, celui dont le père ou l’aïeul avait été voïévode du centre, ne voulait pas dépendre d’un voïévode dont l’aïeul ou le père n’avait commandé que l’avant ou l’arrière-garde, l’aile droite ou l’aile gauche. Le mécontent renvoyait au tzar son ordre de service, accompagné d’une plainte, et demandait justice. Alors le prince consultait les registres et prenait l’ancienneté pour base de sa décision. Lorsqu’il se présentait des cas graves, il répondait quelquefois : « Les voïévodes ne disputeront point sur leurs places ; chacun gardera la sienne jusqu’à plus ample exa-