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1577. n’offraient pas d’exemple, faisons paraître une dernière fois Jean IV, comme l’ange des ténèbres, comme l’exterminateur de la Russie, baigné dans le sang de l’innocence.

Sixième époque des meurtres. Le nom d’opritchniks n’existait plus ; toutefois la tyrannie n’était pas rassasiée de victimes ; seulement elles tombaient plus rarement et en petit nombre : c’était le crime fatigué de ses excès, endormi de lassitude, qui se réveillait de temps en temps ! il restait encore un nom illustre à porter sur l’immense liste des meurtres de ce règne sanguinaire, le premier des voïévodes russes, le premier serviteur du monarque, celui qui, au plus beau moment de l’existence du tzar, lui avait envoyé dire : Kazan est à nous ! qui proscrit, disgracié, déshonoré par l’exil et la prison, mais incapable de vulgaires ressentimens, avait détruit l’armée des Tatars de Crimée sur les rives de la Lopasnia, et forcé le tzar à lui témoigner encore la reconnaissance de la patrie pour le salut de Moscou ; le prince Michel Vorotinsky, enfin, fut livré aux supplices, dix mois après son triomphe ; il était accusé, par un de ses esclaves, de sortiléges et de secrètes entrevues avec des magiciennes dans le dessein d’attenter à la vie du tzar. Délation absurde, trop commune à cette époque et toujours agréable au