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1573—1577. placer la couronne sur la tête du plus vertueux des seigneurs polonais, ou d’appeler au trône le roi de Suède ; que s’ils voulaient mieux encore, ils devaient élire Batory, prince de Transylvanie, illustre par ses grandes qualités, et dont les liaisons d’amitié avec la sublime Porte garantiraient le bonheur et la gloire de l’État. Cette proposition frappa les esprits, car le Sultan était regardé comme le plus redoutable ennemi du royaume de Pologne ; et bientôt Varsovie, Cracovie retentirent du nom d’Étienne : il ne devait à ses ancêtres ni l’honneur d’être prince souverain, ni sa puissance, mais uniquement à son génie, à son noble caractère, au choix des autorités et du peuple de Transylvanie : il avait rétabli la paix, la sécurité, la tolérance dans ce pays demi-sauvage et inculte, peuplé d’hommes grossiers, turbulens, différens d’origine ainsi que de croyance. Bien que professant la religion catholique romaine, sa modération lui avait concilié l’amour des Luthériens et des Calvinistes. Il avait su acquérir la confiance du Sultan et rendre en même temps d’importans services à l’Empereur. Également distingué par sa bravoure, son esprit éclairé, son éloquence, son extérieur plein de majesté, il conservait, à l’âge de 42 ans, une beauté mâle ; en un mot