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1573—1577. second lieu, il n’avait pas jugé à propos d’envoyer ses plénipotentiaires à Varsovie, et il se contentait de menaces, de secrètes intelligences avec quelques seigneurs polonais. Cependant de fréquens courriers le tenaient au courant de tous les mouvemens de la diète. De son palais de la Slobode il voyait le jeu et la lutte des passions sur ce bruyant théâtre, où l’esprit et l’éloquence excitaient de vifs applaudissemens, tandis que l’or et la force y décidaient de tout ; tumultueuse assemblée où l’on ne se bornait pas à de violentes discussions, mais dans le sein de laquelle on allait jusqu’à tirer le glaive ; après avoir enfin rejeté tous les candidats, elle choisit deux souverains à la place d’Ernest, c’est-à-dire l’Empereur lui-même et Étienne Batory, nom peu connu jusqu’alors et destiné, dans l’histoire de Russie, à une célébrité honteuse pour Jean.

En 1574 le sultan Sélim, instruit de la fuite de Henri, avait fait entendre aux grands de Pologne que l’élection du prince d’Autriche, élevé dans des sentimens de haine contre l’empire Ottoman, deviendrait pour les deux États une inévitable source de guerre et de calamités. Celle du prince de Russie lui paraissait également funeste. Selon lui, il était préférable de