Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1572.
Célèbre victoire du prince Vorotinsky.
et décida du sort de la bataille. Le khan, profitant de la nuit, s’enfuit dans les déserts, abandonnant aux Russes ses bagages, ses tentes et son propre drapeau ; selon le rapport des contemporains, il ne ramena en Tauride qu’environ vingt mille cavaliers. Les plus illustres de ses princes restèrent sur le champ de bataille, et Divi-Mourza, le héros des infidèles, le fléau, l’exterminateur des chrétiens, se rendit prisonnier au brave Alatykin de Souzdal. Dans cette journée, l’une des plus mémorables de nos annales, les Russes sauvèrent et leur capitale et leur honneur ; ils affermirent leur domination sur Astrakhan et Kazan, vengèrent l’incendie de Moscou, et, sinon pour toujours, au moins pour long-temps, ils imposèrent respect aux Tatars de Crimée. La terre engloutit leurs cadavres entre la Lopasnia et le Rojaï, à l’endroit où l’on voit encore de nos jours de hautes élévations, monumens de cette célèbre victoire, ainsi que de la gloire du prince Vorotinsky.

Le 6 d’août, cette nouvelle parvint à Novgorod. Le dignitaire Davidof et le prince Nogtef, témoins d’un triomphe auquel ils avaient coopéré, en apportèrent les trophées au tzar. C’était deux arcs et deux sabres de Devlet-Ghireï, qu’ils lui remirent avec l’expression d’une joie à laquelle