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toire 1572. devait procurer aux Tatars Astrakhan et Kazan, et leur faciliter une libre retraite ; les Russes combattaient pour tout ce qui pouvait les attacher à la vie, pour la religion, la patrie, leurs familles. Moscou délaissée par son souverain leur causait un vif attendrissement, augmenté encore par l’idée qu’elle ne s’était relevée de ses cendres que pour subir une nouvelle destruction. Bientôt commença un combat à mort, et les rives de la Lopasnia et du Rojaï furent inondées de sang. Outre les ravages de l’artillerie, les combattans, acharnés l’un contre l’autre, s’égorgeaient à l’arme blanche et cherchaient, au milieu de la mêlée, à l’emporter d’audace et d’opiniâtreté. Vorotinsky combattait et observait en même temps les mouvemens de l’ennemi : il faisait manœuvrer, il encourageait ses troupes ; il inventait des ruses de guerre et attirait les Tatars dans des positions où ils se trouvaient exposés au feu des batteries cachées, qui en enlevaient, à la fois, des files entières. Au moment où les deux armées fatiguées de mouvemens rapides dans tous les sens, commençaient à faiblir, à désirer la fin de l’action, Vorotinsky, couvert de sang et de sueur, se fraie un passage par un vallon étroit et tombe sur les derrières de l’ennemi.… Cette habile manœuvre fixa la victoire