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1571. Crimée, si le khan voulait laisser Athanase Nagoï retourner en Russie, et envoyer à Moscou un de ses grands dignitaires pour entamer des négociations définitives. Prêt, en effet, à se désister, au besoin, de sa brillante conquête, Jean écrivit à Nagoï, détenu alors en Tauride, que, de concert avec le khan, la Russie devait au moins confirmer les tzars d’Astrakhan sur leur trône, c’est-à-dire qu’il voulait conserver une ombre de domination sur ce royaume. Trahissant ainsi l’honneur et les intérêts de ses États, il n’hésita point à abandonner également les principes de notre Église ; pour complaire à Devlet-Ghireï, il lui livra, à la même époque, un illustre captif de Crimée qui, de son propre gré, avait embrassé le christianisme à Moscou et que cette extradition exposait à être martyrisé ou forcé à changer de religion ; affreux scandale pour l’orthodoxie !

Courbant ainsi son orgueil devant les Tatars, Jean semblait se réjouir d’une nouvelle occasion d’arroser de sang son malheureux pays. Les ruines de Moscou étaient encore fumantes ; les Tatars dévastaient nos provinces, et déjà le tzar donnait à ses sujets la torture et la mort ! Nous avons vu plus haut que des traîtres avaient conduit Deviet-Ghireï vers la capitale. Jean pou-