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1571. voisines ; on retira de la rivière les cadavres qui l’encombraient et on leur donna la sépulture. C’est ainsi que le courroux céleste vint frapper la Russie. Que manquait-il encore à ses infortunes après la famine, la peste, le fer, le feu, la captivité, enfin un tyran pour maître ?

Nous verrons maintenant l’extrême lâcheté de ce tyran dans un revers, le premier et le plus funeste de son règne. Le 15 juin, il se rapprocha de Moscou et s’arrêta à Bratovtchina, où il trouva deux envoyés de Devlet-Ghireï qui, sortant de la Russie en triomphateur, désirait s’expliquer avec lui. Le tzar, les boyards et les officiers de la cour étaient vêtus simplement, en signe de deuil ou par mépris pour le khan. Jean demanda à l’envoyé des nouvelles de son maître : « Voici, répondit celui-ci, ce que notre tzar te fait dire. Nous nous donnions réciproquement le titre d’amis ; aujourd’hui nous sommes ennemis ; mais les frères se querellent et se réconcilient. Rends-nous Kazan et Astrakhan et j’irai de bon cœur faire la guerre à ceux qui te veulent du mal. » À ces mots l’envoyé présenta le présent de Devlet-Ghireï ; c’était un poignard monté en or : Mon maître, ajouta-t-il, l’a porté à sa ceinture ; fais comme lui. Il voulait aussi t’envoyer un cheval; mais tous les