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veaux 1570. raffinemens de férocité. Fatigués d’horreurs, nous aurons encore le courage de décrire quelques uns des crimes innombrables de cette époque désastreuse.

Il n’existait alors de sécurité pour personne, et bien moins encore pour les hommes que leur mérite ou leurs richesses mettaient en exposition : le tyran haïssait la vertu, autant qu’il était avide de butin. Le célèbre voïévode, devant lequel la nombreuse armée de Sélim avait pris la fuite ; celui qui, depuis vingt ans, n’était pas descendu de cheval, combattant tantôt les Tatars, tantôt les Polonais ou les Allemands, le prince Pierre Obolensky-Sérébrianoï, rappelé dans la capitale, ne recevait du tzar que des faveurs et des marques de bienveillance. Tout à coup il voit la légion des opritchnicks fondre sur l’hôtel qu’il habitait au Kremlin ; on enfonce les portes, et, sous les yeux, aux pieds de Jean, on tranche la tête à cet illustre voïévode, qui n’était accusé d’aucun crime (67). On exécuta à la même époque, le conseiller d’État Zacharie Pletchéïef ; Dobrynsky, l’un des plus riches dignitaires ; Jean Vorontzof, fils de Théodore, l’ami de jeunesse du tzar ; Vassili Razladin, descendant du boyard Kvachnin, célèbre dans le quatorzième siècle ; le voïévode Tyrkof,