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1570. On confisqua leurs biens au profit du trésor. Plusieurs personnes de distinction furent exilées à Biélo-Ozéro ; l’archevêque Pimen, dépouillé de sa dignité, fut déporté à Toula et enfermé dans le monastère de Saint-Nicolas. Cependant on rendit la liberté à quelques uns des accusés, sous la garantie de leurs parens ou amis ; d’autres obtinrent même des gratifications du tzar.

Le tyran se reposa pendant trois jours, car il était indispensable d’inhumer les cadavres ; mais le quatrième on amena, sur la place, de nouvelles victimes que l’on mit à mort. Maluta Skouratof, chef des bourreaux, dépeçait à coups de hache les corps des suppliciés, et ces sanglantes dépouilles, privées de sépulture, restèrent huit jours exposées à la voracité des chiens qui se les disputaient. (C’est là, auprès des fossés du Kremlin, que sur le sang et les ossemens des hommes, on construisit dans la suite plusieurs églises, monumens expiatoires de ces meurtres.) Les femmes des gentilshommes égorgés, au nombre de quatre-vingts, furent noyées dans la rivière (66).

En un mot, Jean avait atteint le plus haut période de son insensée tyrannie. Il pouvait encore exterminer des hommes, mais il ne lui était plus possible d’étonner la Russie par de nou-