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1570. Igaltzo, qui, seul, pendant la terreur, avait enterré les morts et prié sur eux. Novgorod-la-Grande n’était plus qu’un désert. Une partie considérable du quartier des marchands, jadis si populeux, fut convertie en une grande place ; après avoir démoli tous les bâtimens devenus inhabités, on y jeta les fondemens d’un palais pour le souverain.

Jean réservait à Pskof le sort de Novgorod, croyant que ses habitans avaient également formé le dessein de trahir la Russie. Cette ville avait alors pour gouverneur le prince Youry Tokmakof, homme vertueux et bon ; elle renfermait dans ses murs un ermite célèbre par sa piété, nommé Nicolas, qui par humilité chrétienne contrefaisait l’insensé. Les prudens conseils du premier et l’heureuse audace du second arrachèrent Pskof à sa perte. Le tzar passa la nuit du samedi dans le couvent de Saint-Nicolas à Lubatof. De là il découvrait cette ville dont les citoyens, effrayés à l’approche de la tempête, étaient loin de songer au repos ; ils couraient de tous côtés, s’encourageant les uns les autres, ou faisant leurs adieux à la vie. À minuit, le son des cloches de toutes les églises de Pskof retentit aux oreilles du tzar : son cœur, au rapport des contemporains, s’attendrit d’une