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1570. tinction qui restaient encore vivans, un par chaque rue. Ils parurent, semblables à des spectres, pâles, exténués par le désespoir et la terreur, attendant le coup de la mort : mais Jean jeta sur eux un regard de clémence et de bonté : la fureur qui, jusqu’alors, avait brillé dans ses yeux s’était éteinte comme un effrayant météore. Il leur dit avec douceur : Habitans de Novgorod, qui avez conservé la vie, priez Dieu pour qu’il nous accorde un règne heureux : priez pour nos soldats, fidèles serviteurs de Jésus-Christ, afin que nous triomphions de nos ennemis, visibles et invisibles ! Que le Tout-Puissant juge votre archevêque, le traître Pimen et ses abominables complices ; c’est sur eux que doit retomber le sang qui a coulé dans ces lieux ! Maintenant que les pleurs et les gémissemens cessent ! que la douleur et les regrets se calment ! Vivez et prospérez dans Novgorod. Je vous laisse, pour me représenter, mon boyard et voïévode le prince Pronsky, en qualité de gouverneur. Retournez en paix dans vos habitations. Le sort de l’archevêque n’était pas encore décidé : on le fit monter sur une jument blanche, couvert de haillons, tenant dans les mains une musette et un tambour de basque, affublé comme un vil histrion (53) ; on le promena de rue en rue ; en-