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1569. Jean assistait à ce spectacle !…. Quittant enfin ces lieux fumans de sang humain, il alla exercer de pareilles fureurs à Mednoïé, à Torjek, où l’on tenait renfermés dans des tours les prisonniers tatars et livoniens, chargés de fers : ils furent égorgés ; mais les premiers, en défendant leur vie, blessèrent grièvement Maluta-Skouratof, et peu s’en fallut que Jean ne fût blessé lui-même. Vouichny-Volotchok et toute la contrée qui s’étend jusqu’au lac Ilmen furent mis à feu et à sang. Tous ceux que l’on rencontrait sur la route étaient massacrés, sous le prétexte que l’expédition de Jean devait être un secret pour la Russie.

1570. Le 2 janvier, la nombreuse avant-garde du tzar entra dans Novgorod ; elle avait eu soin d’entourer la ville de fortes barrières afin qu’il ne pût s’en échapper un seul homme. On commença par fermer les églises et les couvens, par garrotter les moines et les prêtres, exigeant d’eux vingt roubles par tête. Celui qui se trouvait hors d’état de payer cette amende était battu, fustigé publiquement du matin jusqu’au soir. On mit sous scellé les maisons des plus riches citoyens, en même temps que l’on chargeait de fers les négocians, les marchands, les gens de robe, dont les familles étaient mises en