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1569. réprimer l’audace des traîtres, de ceux qu’il accusait d’être complices du prince Vladimir. Cette calomnie contre les morts et les vivans était-elle une chimère enfantée par l’esprit bourrelé du tzar ? Était-ce une ruse infernale de ses compagnons d’homicides, qui voulaient par là faire preuve de leur zèle et lui fournir une nouvelle occasion d’exercer sa cruauté ? Jean croyait-il pouvoir en imposer à ses contemporains, ainsi qu’à la postérité, par un mensonge grossier, ou cherchait-il à se tromper lui-même par sa crédulité ? Les annalistes adoptent cette dernière hypothèse, comme pour alléger le fardeau des actions atroces qui pèsent sur sa mémoire ; mais la crédulité même dans une semblable conjoncture ne crie-t-elle pas vengeance au ciel ? Peut-elle diminuer l’horreur qu’inspirent des massacres inouis ?

Désolation de Novgorod. Novgorod et Pskof, autrefois républiques florissantes, domptées depuis par l’autocratie, privées de leurs anciens droits et de leurs principaux habitans, peuplées, en partie, de citoyens étrangers, avaient perdu leur antique esprit national : cependant elles conservaient encore une ombre de splendeur, basée sur le souvenir des temps écoulés et sur quelques débris de leur existence civile. Novgorod portait comme jadis