Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome III, 1819.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jetèrent en foule dans le fleuve. Le brave Mstislaf était sur ses murailles : aux premiers rayons du jour, il aperçoit la fuite de cette innombrable armée, qui semblait poursuivie par une force surnaturelle ; il pouvait à peine en croire ses yeux : il leva les mains au ciel, et rendit de vives actions de grâces à Boris et à Gleb, protecteurs de Vouychégorod. Aussitôt il s’élance sur son cheval, sort de la forteresse, et se hâte de completter la victoire. Les ennemis glacés de terreur périssent dans les eaux ; d’autres tombent entre ses mains. Il s’empara de leur camp, de leurs bagages, et depuis cette époque il fut renommé comme le plus brave de tous les princes russes. Les annalistes qui blâment l’orgueil d’André et son alliance avec les fils d’Oleg, ennemis du sang de Monomaque, donnent les plus grands éloges à Mstislaf, miraculeusement protégé par le ciel, dans la lutte qu’il eut à soutenir contre ses puissans adversaires.

Yaroslaf, prince de Loutsk, entra dans Kief, et le fils d’André, couvert de honte, retourna à Souzdal, près de son père, dont l’orgueil dut être humilié par sa défaite. Cependant maître des mouvemens de son âme, André ne témoigna ni chagrin, ni colère ; il supporta avec une résignation chrétienne un revers qu’il attri-