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qui engagea quelques moines dalmates à inventer un alphabet nouveau, c’est-à-dire le glagolien, et à le défendre, au nom de S. Jérôme, des attaques que les superstitieux latins renouvellaient sans cesse contre lui. Dans la Bohême, la Moravie, la Silésie, la Lusace, la Cassoubie, on emploie maintenant les lettres allemandes ; dans l’Illyrie, la Carniole, la Hongrie et la Pologne, les lettres latines. Les Slaves qui, au huitième siècle, s’établirent dans le Péloponèse, y adoptèrent l’alphabet grec.

C’est donc au christianisme que nos ancêtres sont redevables, non-seulement des idées justes qu’ils ont acquises sur la puissance du créateur, d’institutions sociales plus douces, et des perfectionnemens de la morale, mais encore de l’art de peindre la pensée, la plus merveilleuse et la plus utile invention des hommes ; et qui, semblable à la clarté de l’aurore, brillait déjà dans des siècles obscurcis par l’ignorance, pour annoncer la lumière des sciences et l’essence divine de la raison.