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PÉDAGOGIE.

Il faut d’abord instituer des écoles expérimentales avant de pouvoir en fonder de normales. L’éducation et l’instruction ne doivent pas être purement mécaniques, mais reposer sur des principes. Pourtant elles ne doivent pas être non plus une affaire de pur raisonnement[1], mais aussi, en un certain sens, un mécanisme. Il n’y a guère en Autriche que des écoles normales, établies sur un plan contre lequel on a élevé avec raison beaucoup d’objections et auquel on pouvait surtout reprocher de n’être qu’un mécanisme aveugle. Toutes les autres écoles devaient se régler sur celles-là, et l’on se refusait même à employer les gens qui n’avaient pas été dans ces écoles. De telles prescriptions montrent combien le gouvernement se mêle de ces choses, et il est impossible qu’avec une pareille contrainte on puisse arriver à quelque chose de bon.

On se figure ordinairement qu’il n’est pas nécessaire de faire des expériences en matière d’éducation, et que l’on peut juger par la raison seule si une chose sera bonne ou non. Mais on se trompe beaucoup en cela, et l’expérience enseigne que nos tentatives ont souvent amené des effets tout opposés à ceux que l’on attendait. On voit donc que, l’expérience étant ici nécessaire, nulle génération d’hommes ne peut tracer un plan d’éducation complet. La seule école expérimentale qui ait commencé ici en quelque sorte à frayer la route, a été l’Institut de Dessau. Malgré les nombreux défauts qu’on pourrait lui reprocher, mais qui se rencontrent dans tous les essais auxquels on se livre, il faut lui accorder cette gloire, qu’il n’a pas cessé de susciter de nouvelles tentatives. Il a été d’une certaine manière la seule école où les maîtres eussent la liberté de travailler d’après leurs propres méthodes et leurs propres plans, et où ils fussent unis entre eux, ainsi qu’avec tous les savants de l’Allemagne.


L’éducation comprend les soins qu’exige l’enfance[2] et la culture. Celle-ci est, 1o négative : c’est alors la discipline, laquelle se borne à empêcher les fautes ; 2o positive : c’est l’in-

  1. Nicht blos raisonnirend.
  2. Vorsorgung.