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INTRODUCTION.


sont reconnues telles par tous (à faire son bonheur de leur bonheur), est un mérite à leurs yeux, c’est alors ce que l’on pourrait appeler un doux mérite[1] : la conscience de ce mérite procure une jouissance morale dont les hommes sympathiques à la joie d’autrui sont portés à s’enivrer[2]. Mais ce rude mérite[3], qui consiste à procurer à d’autres, par exemple à des ingrats, leur véritable bien, même alors qu’ils ne le reconnaissent point pour tel, n’a pas ordinairement un semblable contre-coup : fût-il plus grand que dans le premier cas, il ne produit que le contentement de soi-même.


VIII.


exposition des devoirs de vertu comme devoirs larges.


1. Perfection de soi-même, considérée comme une fin, qui est aussi un devoir.


a. Perfection physique, c’est-à-dire culture de toutes les facultés en général, qui sont nécessaires à l’accomplissement des fins proposées par la raison. On voit tout de suite que c’est là un devoir, et par conséquent une fin en soi, et que ce travail, auquel nous devons nous livrer, indépendamment même de tous les avantages qu’il peut nous procurer, a son principe dans un impératif absolu (moral), et non dans un impératif conditionnel (pragmatique). La faculté de se proposer en général quelque fin est le caractère essentiel de l’hu-

  1. Das süsse Verdienst.
  2. In welchem Menschen durch Mitfreude zu Schwelgen geneigt sind.
  3. Das saure Verdienst.