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INTRODUCTION.


que comme fins de la nature, et que, relativement à ces choses, le Jugement, sans contenir pour cela un principe a priori, doit seulement fournir la règle qui, dans les cas donnés (de certaines productions), permette d’employer au profit de la raison le concept de fin, lorsque le principe transcendental du Jugement esthétique a déjà préparé l’entendement à appliquer ce concept à la nature ( au moins quant à la forme).

Mais le principe transcendental, en vertu duquel nous nous représentons une finalité de la nature dans la forme d’une chose comme une règle pour juger cette forme, et par conséquent à un point de vue subjectif et relatif à notre faculté de connaître, ce principe ne détermine nullement où et dans quels cas nous avons à juger une production d’après la loi de la finalité, et non pas seulement d’après les lois générales de la nature, et il laisse au Jugement esthétique le soin de décider par le goût de la concordance de la chose (ou de sa forme) avec nos facultés de connaître (cette décision ne reposant point sur des concepts, mais sur le sentiment). Le Jugement téléologique, au contraire, détermine les conditions qui nous permettent de juger quelque chose (par exemple un corps organisé) d’après l’idée d’une fin de la nature ; mais il ne peut tirer du concept de la nature, considérée comme objet d’expérience, un principe qui