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d’un état durable, lutta contre les grandes difficultés que présente le problème de l’union de la liberté (et par conséquent aussi de l’égalité) avec une certaine contrainte (plutôt avec celle du respect et de la soumission au devoir qu’avec celle de la peur), ce siècle et ces peuples durent trouver d’abord l’art d’entretenir une communication réciproque d’idées entre la partie la plus cultivée et la partie la plus inculte, de rapprocher le développement et la culture de la première du niveau de la simplicité naturelle et de l’originalité de la seconde, et d’établir ainsi cet intermédiaire entre la civilisation et la simple nature qui constitue pour le goût, en tant que sens commun des hommes, une mesure exacte, mais qui ne peut être déterminée d’après des règles générales.

Un siècle plus avancé se passera difficilement de ces modèles, parce qu’il s’éloigne toujours plus de la nature, et qu’enfin, s’il n’en avait pas des exemples permanents, il serait à peine en état de se faire un concept de l’heureuse union, dans un seul et même peuple, de la contrainte légale, qu’exige la plus haute culture, avec la force et la sincérité de la libre nature sentant sa propre valeur.

Mais comme le goût est en réalité une faculté de juger de la représentation sensible des idées morales (au moyen d’une certaine analogie de la réflexion sur ces deux choses), et comme c’est de