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ne me blâmera pas d’en proposer ici quelques-uns. — Les idées, dans le sens le plus général du mot, sont des représentations rapportées à un objet, suivant un certain principe (subjectif ou objectif), en tant qu’elles ne peuvent jamais devenir une connaissance de cet objet. Ou bien, on les rapporte à une intuition, suivant le principe purement subjectif d’une concordance des facultés de connaître (l’imagination et l’entendement), et elles s’appellent alors esthétiques ; ou bien, on les rapporte à un concept, suivant un principe objectif, mais sans qu’elles puissent jamais fournir une connaissance de l’objet, et on les nomme des idées rationnelles[1]. Dans ce second cas, le concept est un concept transcendent : le concept de l’entendement, au contraire, auquel on peut toujours soumettre une expérience correspondante et adéquate, s’appelle, pour cette raison-même, immanent.

Une idée esthétique ne peut jamais être une connaissance, parce que c’est une intuition (de l’imagination), à laquelle on ne peut jamais trouver de concept adéquat. Une idée rationnelle ne peut être non plus une connaissance, parce qu’elle contient un concept (celui du supra-sensible), auquel on ne peut jamais donner une intuition appropriée.

Or je crois qu’on peut nommer l’idée esthétique

  1. Vernunftideen.