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Après la poésie je placerais, si l’on considère l’attrait et l'émotion de l’esprit, un art qui s’en rapproche surtout, dans les arts parlants, et qu’on y peut joindre très naturellement, à savoir la musique. En effet, si cet art ne parle que par des sensations sans concepts, et par conséquent ne laisse pas, comme la poésie, quelque chose à la réflexion, il émeut cependant l’esprit d’une manière plus variée et plus intime, quoique plus passagère ; mais il est plutôt une jouissance qu’une culture (le jeu des pensées qu’il excite n’est que l’effet d’une association en quelque sorte mécanique), et, aux yeux de la raison, il a moins de valeur qu’aucun des autres beaux-arts. Aussi a-t-il besoin, comme toute jouissance, de beaucoup de variété, et ne peut-il répéter souvent la même chose sans causer de l’ennui. Voici comment on