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DU TRADUCTEUR.


quer à Kant, car, comme l’obscurité qu’on lui reproche vient en partie, suivant la juste remarque de M. Cousin, du caractère démesurément synthétique de sa phrase, et que la phrase française est au contraire essentiellement analytique, traduire Kant en français, c’est déjà l’éclaircir en corrigeant ou en atténuant un défaut qui répugne à notre langue.

Mais c’est assez insister sur les défauts de la manière de Kant ; il est temps de le faire paraître sous un autre jour. On ne sait pas assez en France que cet écrivain que nous traitons de barbare a su parfois approcher de nos meilleurs écrivains. C’est ce qu’on voit dans la plupart de ses petits écrits, et particulièrement dans celui qui a pour titre : Observations sur le sentiment du beau et du sublime, et qui parut en 1764, c’est-à-dire vingt-six ans avant la Critique du Jugement (1)[1]. Malgré quelques essais de traduction, ces petits écrits sont en général peu connus en France, et, bien traduits, ils montreraient Kant sous une face toute nouvelle (2)[2].

  1. (1) La première édition de la Critique du Jugement est de 1790.
  2. (2) J’ai indiqué plus haut les petits écrits de Kant qui ont été traduits en français. On pourrait, en retraduisant ceux qui ont été traduits et en y ajoutant quelques-uns qui ne l’ont pas encore été, en former un curieux et piquant recueil. M. Cousin a songé aussi à ce travail, et il eut été digne de la plume du traducteur de Platon de faire passer dans notre langue ce que Kant a produit de plus