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AVANT-PROPOS


temps, je me décide à la faire paraître d’abord, m’engageant à en publier bientôt l’introduction.

Je ne dirai rien ici de la Critique du Jugement, puisque j’en parlerai tout à mon aise dans l’introduction que je prépare ; je veux seulement ajouter quelques mots sur le système de traduction que j’ai cru devoir suivre. M. Cousin, dans ses leçons sur Kant (l)[1], a caractérisé avec tant de justesse et de netteté les défauts de Kant comme écrivain, que je ne puis mieux faire ici que de reproduire son jugement. « Cet ouvrage, dit-il, en parlant de la Critique de la raison pure, avait le malheur d’être mal écrit ; ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait souvent infiniment d’esprit dans les détails, et même de temps en temps des morceaux admirables ; mais, comme l’auteur le reconnaît lui-même avec candeur dans la préface de l’édition de 1781, s’il y a partout une grande clarté logique, il y a très-peu de cette autre clarté qu’il appelle esthétique, et qui naît de l’art de faire passer le lecteur du connu à l’inconnu, du plus facile au plus difficile, art si rare, surtout en Allemagne, et qui a entièrement manqué au philosophe de Kœnigsberg. Prenez la table des matières de la Critique de la raison pure, comme là il ne peut être question que de l’ordre logique, de l’enchaînement de toutes les parties de

  1. (1) Deuxième leçon, pages 23 et 26.