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CRITIQUE DE LA RAISON PURE


défend de prendre pour mobiles[ndt 1]. La philosophie transcendentale n’est donc que celle de la raison pure spéculative. En effet, tout ce qui est pratique, en tant qu’il s’appuie sur des mobiles, se rapporte à des sentiments dont les sources sont empiriques.

Si l’on veut diviser cette science d’après le point de vue universel d’un système en général, elle devra contenir 1o une théorie élémentaire[ndt 2] de la raison pure, et 2o une méthodologie[ndt 3] de cette même raison. Chacune de ces parties capitales a nécessairement ses subdivisions, mais il n’est pas besoin d’en exposer ici les principes. Il suffit, ce semble, dans une Introduction, de remarquer qu’il y a deux souches de la connaissance humaine, qui viennent peut-être d’une racine commune, mais inconnue de nous, à savoir la sensibilité et l’entendement, la première par laquelle les objets nous sont donnés, la seconde par laquelle ils sont pensés. La sensibilité appartient à la philosophie transcendentale, en tant qu’elle contient des représentations à priori, qui constituent la condition sous laquelle des objets nous sont donnés. La théorie transcendentale de la sensibilité doit former la première partie de la science élémentaire, puisque les conditions sous lesquelles seules les objets de la connaissance sont donnés, précèdent nécessairement celles sous lesquelles ils sont pensés.

Séparateur
  1. Il y avait simplement dans la première édition : « Car les concepts du plaisir et de la peine, des désirs et des inclinations, de l’arbitre, etc… qui sont tous d’origine empirique, y sont nécessairement présupposés. »
  2. Elementarlehre. Théorie des éléments.
  3. Methodenlehre. Théorie de la méthode.