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CRITIQUE DE LA RAISON PURE


raison est la faculté qui nous fournit les principes de la connaissance à priori. La raison pure est donc celle qui contient les principes au moyen desquels nous connaissons quelque chose absolument à priori. Un organum de la raison pure serait un ensemble de tous les principes d’après lesquels toutes les connaissances pures à priori peuvent être acquises et réellement constituées. Une application détaillée de cet organum fournirait un système de la raison pure. Mais, comme ce serait beaucoup demander que d’exiger un tel système, et comme c’est encore une question de savoir si, en général, une extension de notre raison est possible ici, et dans quels cas elle est possible, nous pouvons regarder comme la propédeutique du système de la raison pure une science qui se bornerait à examiner cette faculté, ses sources et ses limites. Cette science ne devrait pas porter le nom de doctrine, mais de critique de la raison pure. Son utilité, au point de vue de la spéculation, ne serait réellement que négative : elle ne servirait pas à étendre notre raison, mais à l’éclairer et à la préserver de toute erreur, ce qui est déjà beaucoup. J’appelle transcendentale toute connaissance qui ne porte point en général sur les objets, mais sur notre manière de les connaître, en tant que cela est possible à priori. Un système de concepts de ce genre serait une philosophie transcendentale. Mais ce serait encore

    la raison pure, » et à cette première phrase elle ajoutait les suivantes, qui ont disparu dans la seconde édition : « Toute connaissance où ne se mêle rien d’étranger s’appelle pure. Mais, en particulier, une connaissance est dite absolument pure, quand aucune expérience ou aucune sensation ne s’y mêle, et que, par conséquent, elle est possible tout à fait à priori. Or la raison est la faculté… »