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AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR


une analyse exacte et complète qui, si j’ai atteint mon but, éclaircit ce grand ouvrage, tout en le résumant.

Je m’étais proposé encore une autre tâche, que, suivant la méthode suivie dans mes autres travaux sur les œuvres de Kant, je voulais ajouter à la première : celle d’examiner les résultats précédemment exposés, et de chercher en quoi ils doivent profiter à la philosophie. La capitale importance de la Critique de la raison pure rend aussi cette seconde tâche indispensable. On peut dire sans aucune exagération que de cette œuvre a daté une nouvelle ère pour la philosophie : elle a porté au vieux dogmatisme métaphysique des coups dont il ne se relèvera jamais, et elle a ouvert à la pensée moderne des voies qu’on peut rectifier, mais qu’on ne saurait désormais négliger, si, comme le demandait Kant, on veut faire rentrer enfin la philosophie dans la route sûre de la science. D’un autre côté, le criticisme a jeté à son tour sur cette route bien des idées qu’il en faut écarter, et il a lui-même besoin d’être soumis à une critique qui fasse en lui le triage du vrai et du faux. C’est ce que j’ai entrepris pour ma part, en mettant à profit les nouvelles réflexions qu’un long espace de vie méditative a pu me suggérer. Mais cette seconde tâche exigeait de tels développements que, jointe à la première, elle eût grossi démesurément l’introduction que je voulais placer en tête de ma traduction de la Critique de la raison pure. J’ai donc pris le parti de la réserver pour un nouveau volume qui contiendra la traduction d’écrits composés tout exprès par Kant pour expliquer ou défendre cet ouvrage. Elle sera très-bien placée en tête de ce volume, qui doit former le complément nécessaire du grand monument dont je présente