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ANALYSE DE LA CRITIQUE

Les deux principes qui viennent d’être analysés considèrent le phénomène comme quantité, soit, au point de vue de l’intuition, comme quantité extensive, soit, au point de vue du réel de la perception, comme quantité intensive, et permettent ainsi de le déterminer mathématiquement. Ainsi, par exemple, nous pouvons déterminer le degré de la lumière du soleil en le composant d’environ 200, 000 fois celle de la lune (v. p. 239). Aussi Kant a-t-il désigné ces principes sous le nom de mathématiques » Il propose encore de les appeler principes constitutifs pour les distinguer de ceux dont il va être question et qui ne concernant qu’un rapport d’existence entre les phénomènes sont des principes purement régulateurs.

Analogies de l’expérience.

Le premier de cette seconde classe de principes est celui des analogies de l’expérience ; il se formule ainsi : l’expérience n’est possible que par la représentation d’une liaison nécessaire des perceptions (p. 236).

Les analogies de l’expérience désignent les règles qui lient les perceptions entre elles de manière à rendre possible l’unité de l’expérience. Elles sont en ce sens des principes régulateurs de l’expérience. Et comme c’est dans le temps que se lient nos perceptions ou les phénomènes qu’elles représentent, et que ces phénomènes ont, par rapport au temps, trois modes différents, la permanence, la succession et la simultanéité, il en résulte trois lois servant à régler les rapports chronologiques des phénomènes. Ces lois se distinguent des principes mathématiques par la nature de la certitude qui s’y attache, mais elles n’en sont pas moins à priori, puisque, servant à rendre l’expérience possible, elles lui sont nécessairement antérieures.

Première analogie : principe de la permanence de la substance.

La première analogie est le principe de la permanence de la substance, que Kant formule ainsi dans sa deuxième édition : La substance persiste au milieu du changement de tous les phénomènes, et sa quantité n’augmente ni ne diminue dans la nature (p. 242).

Nous ne pouvons considérer les phénomènes comme simultanés ou comme successifs qu’à la condition de les rapporter au temps comme à un fond commun et permanent où ils résident. Mais, comme le temps ne peut être perçu en lui-même, ou comme il n’est qu’une forme de l’intuition, il faut bien admettre dans les phénomènes eux-mêmes quelque chose qui en constitue la


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